Jean de La Fontaine, Portrait d’un pommier en fleurs by Jean-Michel Delacomptée

Jean de La Fontaine, Portrait d’un pommier en fleurs by Jean-Michel Delacomptée

Auteur:Jean-Michel Delacomptée [Delacomptée, Jean-Michel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française
Éditeur: le cherche midi
Publié: 2023-05-16T09:18:45+00:00


L’invention des arts étant un droit d’aînesse,

Nous devons l’apologue à l’ancienne Grèce.

Mais ce champ ne se peut tellement moissonner

Que les derniers venus n’y trouvent à glaner.

La feinte est un pays plein de terres désertes.

La feinte, c’est-à-dire la fiction, que Furetière définit dans son Dictionnaire : « Le principal point de la poésie est de savoir bien feindre, bien inventer un sujet. »

Entre les Anciens, pour qui les auteurs de l’Antiquité gréco-latine étaient indépassables, tels qu’au mieux on pouvait les imiter, toutefois en élargissant leur champ, et les Modernes, pour qui les auteurs du siècle de Louis le Grand égalaient ceux du siècle d’Auguste, il s’agissait d’un point de doctrine, pas d’un conflit de générations. La Fontaine, qui se voulait absolument contemporain de son temps, était peu ou prou de la génération de Fouquet, Perrault, Mme de Sévigné, Mme de Lafayette, Molière, Pascal, Bossuet, alors que la génération de Louis XIV, qui succéda à la sienne, comprenait Racine, Boileau, La Bruyère. Aucun fossé ne séparait ces lettrés, membres de l’Académie pour la plupart. Même pas la mort. La fine fleur de l’âge classique s’éteignit en un même laps de temps : Mme de Lafayette en 1693, La Fontaine en 1695, La Bruyère et Mme de Sévigné en 1696, Racine en 1699, Charles Perrault en 1703, Bossuet en 1704. Boileau, chiendent coriace, attendit 1711.

Personnage indépendant, Jean affrontait une contradiction insurmontable qui, loin de le refroidir, le poussait en avant. Par les sources où il puisait les thèmes de ses fables il s’inspirait de l’Antiquité, par le désir d’adhérer aux préférences du public il modernisait les formes de ses modèles, à la fois un pied dans le passé, un autre dans le présent, c’est-à-dire dans l’avenir rendu possible (il s’en serait coupé s’il s’était figé dans une sujétion aux fables antiques). Et tout cela sans jamais se départir de son ambition de réussir dans les genres pour lesquels il manquait de génie et qui, de plus, séduisaient de moins en moins les lecteurs. Étrange obstination, fondée sur une inaltérable confiance en soi mêlée d’un aveuglement optimiste.

Échecs ou réussites, il n’en faisait qu’à sa tête. Les déconvenues l’irritaient sans le dissuader de tenter d’autres voies. En 1691, à soixante-dix ans, il écrit une tragédie, Astrée, jouée le 19 novembre à l’Opéra sur une musique de Collasse, collaborateur de Lully. C’est un four : six représentations, pas une de plus. Il redoutait l’accueil que réserverait le public à sa pièce. Durant l’été, tandis que les comédiens répétaient l’opéra, l’impatience l’agitait tellement qu’il essayait de s’en soulager par de longues marches dans la campagne aux environs de Paris.

Entre-temps, vers 1680 ou peu après, il a gratté deux actes d’une tragédie, Achille, laissée en plan sur les conseils probablement de Maucroix. Durant cette même période, il entame Galatée, une comédie ou une tragédie avec chansons, lui-même hésite sur la qualification de l’ouvrage dans l’avant-propos duquel il écrit : « L’inconstance et l’inquiétude qui me sont si naturelles m’ont empêché d’achever les trois actes à quoi je voulais réduire ce sujet.



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